L’homme n’en est pas encore au point où il peut se passer des gouvernements. Des anarchistes comme Kropotkine étaient contre le gouvernement, la loi ; il voulait les dissoudre. Moi aussi je suis un anarchiste, mais de manière totalement opposée à celle de Kropotkine.
Je veux élever la conscience des êtres humains à un tel niveau que le gouvernement en devienne une chose futile, où les tribunaux soient vides, où personne ne soit tué, violé, torturé ou surmené. Vous voyez la différence ? Kropotine fait porter l’accent sur la dissolution des gouvernements. Le mien est d’élever la conscience des êtres humains afin que le gouvernement devienne inutile ; que les tribunaux ferment ; que la police commence à disparaître, car elle n’a plus de travail et que l’on dise aux juges « allez vous trouver un nouveau job ! » Je suis un anarchiste d’une toute autre dimension. Que les gens soient préparés d’abord, ensuite les gouvernements disparaîtront d’eux-mêmes. Je ne suis pas en faveur de la destruction des gouvernements ; ils remplissent un certain besoin. L’homme est tellement barbare, tellement laid, que s’il n’était pas restreint par la force, toute la société s’écroulerait.
Je ne suis pas pour le chaos. Je désire que la société humaine devienne un ensemble harmonieux, une vaste commune recouvrant le monde entier : des gens en méditation, des gens sans culpabilité, des gens sereins, du silence ; des gens joyeux, dansant, chantant ; des gens n’ayant aucun désir d’entrer en compétition avec les autres ; des gens qui ont abandonné l’idée même qu’ils sont spéciaux et doivent le prouver en devenant président des États-Unis ; des gens qui ne souffrent plus d’un complexe d’infériorité pour qu’enfin personne ne désire être supérieur aux autres, que personne ne se vante de sa grandeur.
Le gouvernement s’évaporera comme la rosée du matin sous l’effet des premiers rayons de soleil. Mais cela est une toute autre histoire, une approche toute différente. Jusque-là nous avons besoin des gouvernements.