Patatra bac à sable ! On croit pouvoir tout vivre et vient un temps où la certitude de l’irréalité même du monde se voile comme ma vue sous l’effet de psychotropes nuages bleutés. On y croit madame, et on s’y accroche à pleines dents – dans mon cas à pleine dent plutôt – quitte à en crever d’indigestion mystique…
J’ai crevé de l’absence de Dieu, comme l’on crève de l’absence du père, je l’ai cherché toute ma vie, puis je m’en suis détourné. O, bien sûr jamais je ne me suis baigné dans les bénitiers ou toutes autres marres aux cadavres, j’ai toujours cherché Dieu, sans sexe, sans visage, sans représentation, Unique et multiforme, Tout et Rien, Kol ve Aïn !
Et puis, j’ai craché sur le nom de Dieu, je l’ai maudit du haut de ma bassesse mesquine et égocentrique, j’ai parfois pensé l’avoir enfermé dans mon odoriférant slip léopard… J’ai eu le front de croire être Lui, hors de Lui…
Mais je peinais dans la nuit de ma folie à voir les lettres de feu inscrites partout en mon coeur & en mon âme, ces lettres admirables que me rappelle aujourd’hui Antonin Artaud : « Un jour j’ai été loin de Dieu, mais jamais non plus je ne me suis senti si loin de ma propre conscience, et j’ai vu que sans Dieu il n’y a pas de conscience ni d’être, et que l’homme qui se croit encore vivre ne pourra plus jamais rentrer en soi ».
Car comme il l’ajoute si bien : « On voit Dieu quand on le veut bien, et voir Dieu c’est ne pas être satisfait de la petite enclave des sensations terrestres qui n’ont jamais fait que d’un peu plus ouvrir la faim d’un moi et d’une conscience entière, que ce monde ne cesse d’assassiner et de tromper ».