Voilà, dans quelques jours, ce sera mon trente-huitième anniv’… Nouvelle période de changements, encore, retour, départ, renouveau, on ne sait trop.
En ce moment, je regarde autour de moi. J’essaye de comprendre ce que je veux et qui je suis, quoiqu’une phrase pareille soit d’un banal assez dramatique. Un délectable truisme à la mesure de mon talent, sans doute…
Je regarde les autres, donc, je relis pas mal de choses, aussi, des échanges, des passages fugaces dans d’autres vies. Je me dis, qu’en fait, à force de se rire de la futilité de l’être on oublie bien d’être, ici et maintenant. On cogite, on creuse nos douleurs, nos maux, nos souffrances, on se la fait spéléologue de l’infâme, on cherche à obtenir le souffle noir de l’insane inconvenance, de l’insipide moulage de lit et de draps étrangers. On tâte les chairs flasques ou métalliques, on fore l’inquiétude de l’autre, son incapacité à comprendre un jeu sans cesse changeant. Certains sont nomades des rues et des monts et des vallées, je suis nomade de vos humaines passions en agonie de sens. Les sons, les mots, les phrasés enchâssés dans une coolitude toute dénaturée me compissent les neurones, me trouent les oreilles. Je pleurerais presque à en noyer vos gueules trop grandes ouvertes, je hurlerais à vous en briser les doigts ! Silence !
Il y a quatre ans, jour pour jour, j’étais en un psychiatrique isoloir, seul, nu, avec pour seule vue la blancheur sale de murs souffrants de conter les passants en eux. Cassé, broyé par ma descente en moi-même : « Pourquoi t’es-tu attiré Dans le paradis du vieux serpent ? Pourquoi t’es-tu glissé Dans toi-même, dans toi-même ? » (Nietzsche, Ecce Homo, p. 269) Pas par la solitude, pas par la perte – si cependant, honnête cervelle, cœur pieux avoue ! – j’étais cassé par l’iniquité et le désespoir de toute vie, par la pâleur de vos vies pâmées de trop se traîner dans les compromis. J’avais passé outre et j’avais décidé de poursuivre la descente, de la poursuivre encore et encore, et ce genre de pente s’entreprend seul. L’enfer accompagné me semble une bienheureuse garden-party. Non, donc seul disais-je.
On se demanderait, aujourd’hui, ce qui me pousse à écrire cette réminiscence du passé, ce repassage de sentiments qui devraient, depuis longtemps, être rangés en boule dans le panier… C’est que les ressacs du futur me sont habitudes tenaces. Certains me voudraient ouroboros d’eux, alors que ces sot(te)s ne voient pas que je ne suis ouroboros que de moi-même. Donc, retour en arrière ou retour vers soi ? L’avenir le dira.
Comme toujours, je pense beaucoup à mes Étoiles, à Elles là où elles sont heureuses. Ô Étoiles bénies ! Que serais-je sans vous ? Pas grand chose, si ce n’est une outre à mots insensés, un corps démembré qui est las de la comédie humaine… Grâce à vous, il me reste la Lumière qui luit dans mes ténèbres, ténèbres bien clairsemées et bien pâles…
À présent donc, il me faut reprendre ma route. Seul. Il y a de la tristesse, bien sûr, mais aussi de la légèreté. Quand on ne peut se rendre heureux, on ne peut rendre les autres heureux et il est bien de se le clouer à la porte de l’âme pour éviter tout impair. Je vais d’ailleurs me faire tatouer sur le front « Toi qui entres ici, oublies tout espoir ! »
Bonjour, je suis arrivée là par le biais d’alliance magique qui faisait un lien sur votre situation de père … je suis désolée, tristement désolée pour l’avoir vécu en tant que mère il y a 7 ans… je prendrais le temps de lire … cétait juste un petit signe de la main … cordialement, Celti