Paraphrase des Bacchantes d’Euripide.

Le Choeur : De la Terre de l’Oubli, du Saint Repos, j’accours, doux, fort & tumultueux – J’exalte Bakkhos par les cris Évohé ! Heureux l’homme qui instruit de la Sagesse & de la Folie, qui initié aux saints mystères de la noirceur de son âme, qui sanctifiant sa vie, se fait l’âme fervente de Bromios & pratique les Saintes Orgies de la Grande Mère ! Heureux celui qui s’orne du lierre, porte le thyrse & invoque Bromios, Sôter, Dionysos du fonds de l’Abîme de l’oubli. Ramenez Bromios ! Io Évohé ! Io Évohé ! Io Évohé ! Ô Bacchantes allez, ô Bacchantes allez, de par les monts & les plaines allez annoncer le retour du Deux Fois Né !

Dionysos : Ô Nyktipolos, tu ne veux donc point croire mes paroles. Mais, prends garde, car ainsi maltraité par toi, je te le déclare pleinement : jamais il ne faut se rire ou se jouer des dieux, même des dieux endormis & silencieux. Des maisons où résonnent encore l’Évohé la fureur se peut retourner contre toi, ô mon ami.

Nyktipolos : Dieu invoqué, dieu ami ! Trêves de leçons ! N’es-tu pas heureux & enjoué que je t’ai ainsi sorti du sommeil qui était le tien ? Devrais-je crever d’ivresse pour payer tribut à ta splendeur ?

Dionysos : Au lieu de me casser les couilles – un insecte vulnérable contre le Dieu ! – à ta place je lui sacrifierais…

Nyktipolos : Je te rendrai le sacrifice que tu mérites ! Vin, viande, sang & humeurs de femme sous la lune diaphane !

Dionysos : Alors, sans aucun doutes possibles, je puis te concéder ce que tu me demanderas…

Nyktipolos : Et quoi ? En me faisant l’esclave des passions dionysiaques, en rampant dans la gerbe d’un vin trop fort & trop puissant pour mes nerfs ?

Dionysos : Non, en acceptant enfin le tien destin qui te chante de dire « oui à la vie » & de cesser de te courber devant l’aliénation & la soumission à l’ordre inepte que tu ne comprends plus !

Nyktipolos : Et crever donc ?

Dionysos : Crever, peut-être, jeune & dans l’extase… Cela ne vaut-il pas mieux que de ne pas vivre allégrement & légèrement, fut-ce pour un court temps ?

Nyktipolos : Alors que faire ?

Dionysos : Tout d’abord je te revêtirai d’une robe, je te donnerai le thyrse, la peau de faon tachetée, le lierre & la vigne.

Nyktipolos : Serais-je pute de Dionysos pour lui plaire ?

Dionysos : Tu seras tel que tu es & dois être, pas plus, pas moins. Je saurai te guider par les chemins détournées, je saurai t’éviter les pièges mortels qui attendent les ignorants qui épient les Ménades en secret…

Le Choeur : Vais-je donc mettre les pieds nus sur le sol sacré, parmi les compagnons & compagnes de Bakkios ? Vais-je me fondre dans l’herbe jeune à la douce rosée matinale ? Tel un chat agile qui s’ébroue dans la prairie de ses jeux cruels & innocents ? Serais-je le Pan au bord de la rivière épiant les graciles Nymphes dans la pénombre d’un forêt ancestrale ? Qu’est la Sagesse ? Qu’est la Folie ? Est-il en ce monde moderne & laid des Dieux plus enviables que Celui qui m’offre l’ivresse sainte & l’extase de la danse folle ? Heureux, qui au péril d’Éros & de Thanatos échappe afin de regagner sa demeure ! Heureux qui peut émerger de la peine ! Sans nombres sont les mortels, sans nombres leurs perspectives, sans nombres leurs désirs ! Les unes aboutissent à la réussite, les autres sombrent dans la mer de l’oubli… Je tiens donc pour heureux celui qui jouis du bonheur que chaque jour lui apporte & celui qui dit « oui à la vie sans partage » !

Dionysos : Le Dieu, naguère si silencieux & endormi, nous escorte à présent en ami, en confident !

Nyktipolos : Alors, Ami, faisons route ensemble, en tes bras forts je repose, je suis confiant & heureux, apaisé par le souffle aviné & capiteux de ta bouche ! Embrasse-moi, ô Dieu, car tes Amours sont pareilles au vin jeune promis !

« Ainsi dans nos danses, toute la nuit, nos pieds marqueront le rythme fou dans la bacchanale, et ma gorge, dans la légèreté de l'air, je la renverserai en signe de victoire sur les chasseurs immondes de la normalité putréfiée. Dans la tempête de nos folies unies, jouissance, rêve, jeunesse, ivresse seront nos amantes pour l'Éternité ! »

Dionysos : Fou terrible, allant vers ton destin en ma compagnie, tu vas trouver la joie, escalader le ciel en te riant de l’inutile fatuité de l’être. Tu changeras de forme & deviendras Serpent, & Celle qui te suit, parmi le jardin magnifique des Roses, elle aussi sera changée en Serpent. Vous garderez ma Sagesse & ma Folie en vos cœurs & vous jouirez du bonheur & de l’alliance de Bakkhos !

Le Choeur : Multiples sont les formes que revêt le Dieu aux Noms Innombrables. Parfois ce que nous n’attendons plus advient, parfois ce dont nous désespérons arrive ! Ainsi s’achève le drame de la langueur & du chagrin.

1 réflexion sur “Paraphrase des Bacchantes d’Euripide.”

  1. " Ainsi dans nos danses, toute la nuit, nos pieds marqueront le rythme fou dans la bacchanale, et ma gorge, dans la légèreté de l’air, je la renverserai en signe de victoire" gggnmmmmmmhhhhhhhffffffffffffsssssmmmhhhhhfffssssssssssss (mieux que mister good deal pitin)

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